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» trucnul
Messages: 628
Localisation: + 4 1 |
Dim 16 Oct, 05 19:32, |
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...viens de plonger dans la lecture d'un ch'tit ouvrage, ma foi, tout à fait sympatique!
...lu dans l'Huma:
"C’est là un petit livre, secret et modeste, qui n’est pas un roman, mais qui offre tous les romans qu’on voudra bien imaginer, Bruno Bayen est metteur en scène, dramaturge et romancier, et il invite ici à entrer dans son regard à lui sur des instants de notre monde commun, par la grâce de plus d’une soixantaine de Polaroids ; mais il ne commentera pas ces photos, il choisit au contraire de s’intéresser à l’appareil même, à la technique, à son invention, il choisit de s’attacher à l’élaboration de l’instantané. Un jeu entre les instants capturés et la ballade à la gloire du SX-70. Drôle d’objet, lié aux années soixante-dix qu’il en est presque un symbole. On se rappelle les films de Wenders et sa passion pour ces photos qui sortent illico, encore grises, et qu’on secoue, et les couleurs apparaissent. On se rappelle le nombre de pochettes de disque qui déployaient des Polaroid en éventail.
C’était une mode, c’était la modernité, le goût de noter des fragments de vie au Polaroid, comme autrefois on notait dans un carnet, plus de pose, plus de délai, le présent se donnait à voir, morcelé, précaire, imédiatement éternisé et immédiatement éphémère, le Polaroid racontait l’inquiétude d’une génération qui se savait mortelle et qui voulait garder des traces,
qui se savait mobile, et centrifuge, et obsédée par l’effacement, des souvenirs, des paysages des repères, des émo"tions, et qui voulait saisir au vol ce qui serait le matériau de sa mémoire, dans son surgissement, comme à nu, à vif, la photo Polaroid n’avait pas de prétention, on n’était même pas sûr qu’elle ne s’effacerait pas rapidement, mais précisément, ça convenait à la sensibilité d’alors, portée sur la vitesse, la crainte de n’être pas complètement au monde, le peu de goût pour le « fini » Le temps était à l’errance, à l’exil, au questionnement de la mémoire et de l’oubli...
Il est en train de disparaître, le Polaroid.
On lui préfère l’appareil jetable, tout un programme, ou le numérique. Mais ce n’est pas la nostalgie qui anime B. Bayen. Les photos qu’il présente, prises au fil de vingt-cinq années, un peu partout dans le monde, ont comme un journal intime silencieux,de brefs moments de présence au monde, de présence du monde, où passent la splendeur de la lumière et l’étrangeté de la vie ordinaire, l’inépuisable étonnement devant la beauté des choses, des gestes, des existences, et les frontières et les guerres et les bouleversements sont là, et chacun peut habiter ces bouts de notre histoire, ces zones où l’exotisme se transforme en carrefour d’histoires à déployer, le journal intime est document et concentré de récits.
Non, pas de nostalgie, mais un territoire qui s’ouvre, qui porte son histoire mais, en même temps se met à tout jamais au présent. Parce que, bien évidemment, prendre des photos, c’est un geste compliqué. Qu’est-ce u’on cherche ? Et surtout, qu’est-ce qu’on trouve ? Qu’est-ce qu’on a cru voir, en la prenant, qu’est-ce qu’on a vu pour de bon, et qu’est-ce que ça fait, de regarder une vieille photo ? B. Bayen n’a pas du tout l’intention de disserter sur le sujet. Il préfère rendre hommage à Edwin Herbert Land, l’inventeur des phares polarisants, et du...bon sang, mais c’est bien sûr... du Polaroid.
Parce que même si on sait bien que tout ça, c’est de la chimie et de la physique, à l’arrivée, on a quand même une manifestation quasi magique.
Et peut-être que le geste du photographe ès Polaroid s’apparente à celui du magicien, qui fera apparaître des colombes où il n’y avait, l’instant d’avant, rien. À moins qu’il ne soit proche de celui de l’enfant qui croit tranquillement à l’impossible. B. Bayen raconte l’invention du Polaroid et comment le Polaroid réinvente le passé, et suscite des histoires, et donne à des promenades anodines l’acuité soudaine de la grâce d’exister, c’est tout c’est simple, on flâne, on digresse, on effleure la frontière entre l’oubli et le souvenir, on prolonge les histoires encloses, on est bien, voilà."
Bruno Bayen : Pourquoi pas tout de suite. Melville éditeur/MEP. 164 pages 18 euros.
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Dernière édition par trucnul le Lun 17 Oct, 05 12:38; édité 1 fois |
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» Katharsis
Attentat Master
Messages: 4468
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Lun 17 Oct, 05 10:03, |
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J'aime bien cette idée de génération qui cherche a laisser une trace. Surtout si on compare le polaroid de cette génération la et l'appareil jetable de la suivante. |
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» Soreal
Messages: 3740
Localisation: Haute Loire. |
Lun 17 Oct, 05 10:08, |
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Merci pour cette info, ça me donne envie d'acheter le livre. |
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» kea
Messages: 330
Localisation: Paris |
Lun 17 Oct, 05 11:00, |
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Merci pour l'info, je crois que je vais aller faire un coucou à mon libraire :) |
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