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Mer 12 Sep, 12 14:59, |
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Vu dans Libération aujourd'hui. Des tas de choses appétissantes.
(Par BRIGITTE OLLIER - 11.09.2012)
Photographie, les bons déclics
Panorama. De la biennale parisienne au Photaumnales de Beauvais, un programme dense qui couvre toutes les époques.
Sur la carte de France, Paris conserve son leadership en matière photographique, c’est une évidence. D’autant plus qu’en cette année paire, se déploiera dans toute la capitale le Mois de la Photo, biennale hybride qui fête allegro sa 17e édition. Plus de 80 expositions sur les deux rives, dans les galeries en vogue comme dans les musées, dopées à la mi-novembre, du 15 au 18, par Paris Photo au Grand Palais, foire internationale où il fait bon s’exhiber, ambiance carnaval de Rio.
L’exposition du Mois à ne pas rater : Hannah Villiger (1951-1997), au Centre culturel suisse (Paris IIIe), lieu de réflexion. Pourquoi ? Parce que ses Polaroid exigeants, dont elle est l’unique sujet, sont de la sculpture compressée, exemplaires d’une recherche spirituelle.
Signe de vitalité, le milieu de la photographie s’enrichit aussi cet automne de lieux culturels originaux, en province - le Percolateur, à Marseille - comme dans la proche Europe - le Centre national de l’audiovisuel (CNA) de Dudelange, au Luxembourg. C’est d’ailleurs au CNA que sera accrochée «The Bitter Years/Les années amères», l’expo organisée, en 1962 par Edward Steichen (1879-1973), le vieux lion de la photographie américaine, conservateur au MoMA (Museum of Modern Art) de New York dès son ouverture. Y seront enfin visibles les 208 épreuves, prises entre 1935 et 1941, dans le cadre de la Farm Security Administration, créée dans l’élan généreux du New Deal de Roosevelt. Parmi les noms célèbres, Dorothea Lange et sa mère courage, et Walker Evans, pilier de la frontalité. Le livre, annoncé en octobre, paraîtra chez Thames & Hudson. Ces espaces panoramiques où se redessine en continu l’histoire de la photographie, celle du passé comme celle qui s’imagine, offrent des miroirs à la génération Internet, tout à la fois avide d’émerveillement immédiat et soucieuse de replacer les images dans leur contexte.
Telle est d’ailleurs la tonalité de cette rentrée olé-olé, en équilibre sur l’espace-temps, qui rassemble sur la même photo, sans distinction de classe, aussi bien les monstres sacrés par le marché (Andreas Gursky, Museum Kunstpalast de Düsseldorf, Allemagne) que par Hollywood (Douglas Kirkland chez Basia Embiricos, Paris IVe). D’un côté, un Allemand surdoué, adepte des tirages numériques à grande échelle, limite décoration de hall de gares ; de l’autre, un Américain audacieux racontant sa soirée avec Marilyn, voilée d’un drap de satin.
Autres gros nounours, le Japonais Daido Moriyama et l’Américain William Klein : le premier déjà exposé chez Polka (Paris IIIe), l’exposition vient de commencer, foncez. Ils se retrouveront à la Tate Gallery, à Londres, dès le 10 octobre. Sans parler de match, c’est idiot, ce face-à-face devrait révéler comment deux boulimiques, l’un et l’autre fascinés par la fureur urbaine, s’emparent d’un espace et le modulent à leur démesure. L’art de l’accrochage en terrain conquis.
Très attendu, Edouard Boubat (1923-1999) à la galerie in camera (Paris VIIe), si enchantant ; Pierre de Fenoyl, à Lyon, à la galerie le Réverbère. Méconnu, De Fenoyl (1945-1987) reste l’un des archivistes idéalistes du paysage, et un militant en lutte (déjà !) «contre l’abrutissement hypnotique de notre civilisation de l’image» ; Edouard Levé (1965-2007), arbitre du détail et seigneur de l’ascétique, honoré au MAC de Marseille en bonne compagnie.
Le Britannique Paul Graham, coqueluche du Tout-Photographie, est espéré tel le Roi-Soleil. Déjà, à Reims comme à Cahors, en 1995, il brisait les conventions de la pseudo-réalité, portraiturant un homme en bleu rêvant en solo dans une discothèque, à Berlin. Coup de foudre. Il dansera au Bal (Paris XVIIIe) jusqu’au 9 décembre, avec notamment «The Present», hommage à New York, sa ville d’adoption, doublé d’un livre publié par Steidl. Les intellos le rapprochent parfois de Lee Friedlander : pas faux, pas vrai non plus, Paul Graham est unique.
Unique aussi, le Mexicain Manuel Alvarez Bravo (1902-2002), proposé par le Jeu de Paume, avec deux publications, l’une chez Hazan, l’autre aux éditions La Martinière. L’engouement récent pour le père de la photographie latino-américaine est une vraie joie, à partager en famille. Tout est beau chez Alvarez Bravo, tout fait sens, tout respire un monde encore proche. Pour celui qui répétait combien «la photographie s’accorde avec le temps, fût-il présent ou lointain, sans que l’on sache ce qu’il en restera», c’est enfin la reconnaissance. Il était temps.
Fondé par Claude Iverné, le fonds photographique d’Elnour («la lumière», en arabe) représente une vision précise et précieuse du Soudan, de 1885 à 2012. En plus de ses propres tirages en noir et blanc, Iverné a choisi de retracer l’histoire originelle du plus vaste pays du continent africain, toujours sous tension, malgré l’indépendance du Sud (9 juillet 2011). Après les Rencontres de Bamako, en 2005, cet arabophone expose une sélection quasi inédite du «Soudan vu de l’intérieur, des portraits raffinés d’Al Rashid Mahdi aux images spontanées d’Abbas Habiballa ou encore des poses lascives enregistrées par Fouad Hamza Tibin dans les années 70». Une invitation exceptionnelle, suivie de débats et de rencontres animées à la Maison des métallos et à l’Usine Spring Court (Paris XIe).
Enfin, cette remarque : la visibilité, presque naturelle, accordée aux femmes photographes. De Françoise Huguier, de retour d’Asie du Sud-Est, sur les cimaises de l’Académie des Beaux-Arts (Paris VIe), à Anne-Lise Broyer, à la Galerie Particulière (Paris IIIe), s’essayant à des exercices polychromes avec une grâce persistante proche de la gravure. De Sophie Elbaz, face à ces archives familiales au musée d’Art et d’histoire du judaïsme (Paris IIIe), à la tribu des modeuses du Nord, totalement décomplexée, enracinée à l’Institut suédois (Paris IIIe) - citons Julia Peirone et Elisabeth Toll, poses insensées, couleurs fluo, cadrages au carré.
A Montreuil-sur-Brèche, dans l’Oise, Julia Fullerton-Batten s’approche des secrets entre mère et fille, nantie d’un joli culot qui n’est pas sans maladresse. Cette Allemande, née en 1970 à Brême, est l’une des invitées des Photaumnales, à Beauvais, Picardie. Titre de cette 9e édition : «De passage». Bienvenue à la sobriété. |
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» Emeth
Messages: 973
Localisation: Québec, Canada |
Jeu 13 Sep, 12 14:07, |
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Quel article !
Ils parlent même des femmes photographes dans les deux derniers paragraphes, je suis soulagée !
Si la photographie connait une telle vitalité en ce moment, peut-être vont-ils préserver nos films, non ? |
_________________ http://h0lg4.org/album_personal.php?user_id=2386 |
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